Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 3.djvu/169

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[château]
— 166 —

Un large fossé taillé dans le roc sépare l’ouvrage avancé du château, dans lequel on pénètre par un second pont-levis B avec porte et poterne C. Un donjon E, de forme bizarre, commande les dehors, l’ouvrage avancé O et les fossés. En P sont élevés les bâtiments d’habitation auxquels on arrive par un bel escalier à vis J. D est la rampe qui monte à la porte surélevée du donjon E. En S est un ouvrage séparé du château par le donjon. Comme à Pierrefonds, le donjon établit une séparation entre deux cours. Les ponts-levis relevés, on ne pouvait s’introduire dans le château qu’en franchissant la poterne F percée dans le mur de contre-garde extérieur, en suivant le fond du fossé N, en franchissant une seconde porte G percée dans une traverse, une troisième porte H donnant sur une belle plate-forme M, en prenant l’escalier I, et passant par un petit pont-levis K. Là on trouvait un bel et large escalier à paliers ne communiquant à l’escalier J intérieur que par un étroit et sombre couloir sur lequel, à droite et à gauche, s’ouvrent des meurtrières. Le grand escalier ne monte que jusqu’au rez-de-chaussée, surélevé de la cour intérieure ; sa cage se termine à son sommet par une grosse tour carrée en communication avec les appartements. On voit qu’ici, comme dans les anciens châteaux féodaux, toutes les précautions les plus minutieuses étaient prises pour masquer les entrées et les rendre d’un accès difficile. Par le fait, il n’y a qu’une seule entrée, celle A B, les détours que nous venons de décrire ne pouvant être pratiqués que par les familiers du château et pour faire des sorties lorsque besoin était. Mais des dispositions, toutes nouvelles alors, viennent modifier l’ancien système défensif ; d’abord l’ouvrage avancé O avec la plate-forme M donnent des saillants considérables, qui battent les dehors au loin, et flanquent le château du côté où il est accessible de plain-pied ; puis au ras de la contrescarpe des fossés, au niveau de la crête des murs de contre-garde, des embrasures pour du canon sont percées à rez-de-chaussée dans les courtines et les étages inférieurs des tours ; les tours sont à peine engagées, pour mieux flanquer les courtines. Si l’on en juge par l’ouverture des portes qui donnent entrée dans les tours, les pièces mises ainsi en batterie à rez-de-chaussée ne pouvaient être d’un gros calibre. Quant aux couronnements, ils sont munis de chemins de ronde saillants avec machicoulis et créneaux ; mais les consoles portant les parapets de la grosse tour cylindrique ne sont plus de simples corbeaux de 0,30  c. à 0,40  c. d’épaisseur ; ce sont de gros encorbellements, des pyramides posées sur la pointe, qui résistaient mieux au boulet que les supports des premiers machicoulis (voy. Mâchicoulis). Les merlons des parapets sont percés de meurtrières qui indiquent évidemment, par leur disposition, l’emploi d’armes à feu de mains.

Voici (29) une vue cavalière de ce château, prise du côté de l’entrée[1]. On voit, dans cette figure, que les embrasures destinées à l’artillerie à feu

  1. Nous n’avons rétabli dans cette vue que les charpentes qui n’existent plus ; quant aux maçonneries, elles sont presque intactes.