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[clocher]
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s’élève de fond sur les deux murs latéraux et sur les deux arcs doubleaux transversaux bandés sur les quatre piles. Au-dessus du comble est un soubassement carré décoré d’arcatures aveugles, puis un étage également carré, mais percé d’arcades à jour ; c’est l’étage destiné aux cloches. Sur ce dernier étage s’élève la flèche conique franche, non plus convexe.

Voici (17) le plan de l’étage carré du beffroi, et (18) le plan de la base du cône avec ses quatre petits pinacles à jour. La fig. 19 donne la coupe de ce clocher et la fig. 20 son élévation[1]. Ces croquis font voir que, déjà vers le milieu du XIIe siècle, les architectes occidentaux se préoccupaient de donner plus d’élégance à leurs clochers ; les étages carrés sont d’une proportion heureuse, les flèches coniques s’élancent davantage, se couvrent d’écailles en dents de scie au lieu d’écailles circulaires, mais en conservant toujours le principe de construction présenté fig. 15 ; les pinacles des angles s’ajourent et prennent plus d’importance. Ils sont posés diagonalement, afin de profiter d’une base plus large. Jusqu’à la fin du XIIe siècle, cette forme de clocher persiste, en devenant chaque jour plus légère. Mais ce qui caractérise les clochers de l’ouest, ce sont ces étages carrés qui partent de fond, de la base à la flèche, et surtout cette couverture conique dont les écailles sont plus fines à mesure que l’art roman arrive à son dernier degré d’élégance.

En Auvergne, dès le XIe siècle, les clochers centrals portent sur une coupole inscrite dans un carré et arrivent brusquement au plan octogone à deux ou trois étages couronnés par une pyramide à huit pans. Tels étaient les clochers centrals, dernièrement rétablis[2], des églises d’Issoire, de Notre-Dame-du-Port à Clermont, de Saint-Nectaire (Puy-de-Dôme), bâtis pendant la seconde moitié du XIe siècle. Mais ces clochers portent sur un soubassement qui appartient exclusivement à l’Auvergne, et comprenant la coupole et deux demi-berceaux l’étayant dans le sens des trans-

  1. Nous devons ces dessins, ainsi que ceux de Brantôme, à M. Abadie, l’architecte de Saint-Front.
  2. Par M. Mallay, architecte. Ces clochers avaient été détruits.