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vaillaient à leurs pièces ; l’architecte distribuait la besogne, et un piqueur relevait probablement le travail de chacun. Sur la grande inscription sculptée à la base du portail méridional de la cathédrale de Paris, l’architecte Jean de Chelles est désigné sous le titre de tailleur de pierre, latomus. Robert de Luzarches, ainsi que ses successeurs, Thomas et Regnault de Cormont, prennent le titre de maîtres dans l’inscription du labyrinthe de la cathédrale d’Amiens. Il est certain qu’un maçon ou tailleur de pierre ne pouvait concevoir et faire exécuter les diverses parties d’un édifice à l’érection duquel le charpentier, le serrurier, le sculpteur, le menuisier, le verrier devaient concourir. Et dans l’architecture gothique, les divers membres de la construction et de la décoration sont trop intimement liés, pour que l’on puisse admettre un instant que chaque corps d’état pût agir isolément sans un chef suprême. Une des qualités les plus remarquables de cette architecture, c’est que tout est prévu, tout vient se poser à la place nécessaire et préparée. Il fallait donc une tête pour prévoir et donner des ordres en temps utile. Quoi qu’il en soit, si les corporations attachées aux bâtiments ont beaucoup travaillé pendant le moyen âge, si elles ont laissé des traces remarquables de leur habileté, au point de vue politique elles ne prennent pas l’importance de beaucoup d’autres corporations. On ne les voit guère se mêler dans les troubles des communes, réclamer une extension de privilèges, imposer des conditions, former ces puissantes coalitions qui inquiétèrent si longtemps la royauté.

COUPE DE PIERRES (voy. appareil, construction, trait).

COUPOLE, s. f. Voûte hémisphérique, ou engendrée par deux courbes se coupant au sommet, ou par une demi-ellipse posée sur plan circulaire ou polygonal, soutenue sur quatre arcs doubleaux ou sur des murs pleins. Le mot coupole n’est employé que depuis l’invasion de l’architecture italienne aux XVIe et XVIIe siècles ; c’est le mot italien cupola francisé. Les Romains, dès le temps de la République, avaient élevé des coupoles sur des murs circulaires ou formant un assez grand nombre de pans. Mais ce fut à Byzance que furent érigées par les empereurs les premières coupoles posées sur pendentifs. Il est peu croyable que la célèbre coupole de Sainte-Sophie ait été la première construction tentée en ce genre. Le coup d’essai eût été bien hardi, puisque cette coupole est d’un diamètre supérieur à toutes les autres voûtes sur pendentifs qui existent. L’idée d’élever une coupole sur pendentifs vint-elle naturellement aux architectes byzantins à la suite d’essais, ou leur fut-elle suggérée par l’étude de monuments orientaux inconnus aujourd’hui ? c’est ce que nous n’entreprendrons pas de décider. Il est certain (et c’est à quoi nous devons nous arrêter dans cet article) que la coupole byzantine fut, pour les architectes des premiers siècles du moyen âge, un type qu’ils cherchèrent à imiter en Occident. Sous Charlemagne, on éleva celle d’Aix-la-Chapelle à l’instar