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[cul-de-lampe]
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droite un enfant tenant une palme ; de la main gauche cet ange semblait écarter une petite sirène, emblème de la luxure, comme chacun sait. Était-ce l’Innocence ou la Chasteté protégée par l’ange gardien[1] ? Quelquefois aussi les culs-de-lampe tenant à des édifices civils représentent des scènes de romans ou des fabliaux connus de tout le monde.

Au XVe siècle, des armoiries, des emblèmes, des scènes rappellent certains événements de la vie des seigneurs ou bourgeois qui faisaient bâtir. Ainsi, dans le charmant hôtel de Jacques Cœur, à Bourges, derrière une armoire détruite il y a quelques années, on a découvert un cul-de-lampe fort curieux. Ce cul-de-lampe est placé dans la salle qui passe (non sans raison) pour avoir été le trésor, le cabinet de Jacques Cœur. En effet, cette salle est bien fermée par une porte en fer, et elle se trouve dans l’une des tours anciennes contre lesquelles le palais est bâti. Il semblerait même que l’armoire, qui masquait le cul-de-lampe, avait été placée là dès l’origine de la construction, car le carrelage ancien n’existait pas au-dessous d’elle.

Or voici ce que représente le cul-de-lampe en question.

À gauche est un fou tenant une marotte de la main droite, et de la gauche cherchant à attraper des mouches qui sont posées sur le tronc

  1. Ce cul-de-lampe, dont nous avons fait un dessin avant la démolition de l’hôtel de La Trémoille, est perdu probablement, car nous ne l’avons plus retrouvé parmi les débris replacés dans la cour de l’École des Beaux-Arts.