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[fenêtre]
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une colonnette dont la fonction véritable était de servir de clôture, de claire-voie. Le cintre D n’apparaissait pas à l’extérieur et servait d’arc de décharge de H en K. Notre figure montre en A la fenêtre du côté extérieur, et en B en coupe sur les milieux des petits arcs C et du grand arc D.

Suivant les provinces, les fenêtres présentent pendant la période romane, et jusque vers le milieu du XIIIe siècle, des dissemblances frappantes. Larges relativement dans le Nord, elles sont de plus en plus étroites lorsqu’on se rapproche du Midi ; et cependant il est à cette règle générale quelques exceptions : ainsi les fenêtres des édifices religieux de l’Auvergne, de la Saintonge, du Périgord, et d’une partie du Languedoc, sont pendant les XIe et XIIe siècles aussi grandes que les fenêtres de l’Île-de-France et de la Normandie, tandis que sur les bords de la Saône et du Rhône elles sont fort petites. Nous donnerons ici quelques exemples qui confirmeront notre dire. Commençons par les fenêtres des édifices religieux ou des monuments publics élevés sur les mêmes données quant à la disposition des jours. Il est une loi observée déjà par les architectes romans et développée avec beaucoup d’intelligence par les constructeurs du XIIIe siècle, qu’il nous faut avant tout faire connaître à nos lecteurs, car elle paraît être à peu près oubliée de notre temps. La lumière qui passe à travers une baie donnant dans un intérieur forme un cône ou une pyramide suivant la figure de la baie ; c’est-à-dire qu’au lieu d’être divergents, les rayons lumineux sont convergents de l’extérieur à l’intérieur : ainsi (4), soit une baie abcd, l’extérieur étant en A, la lumière directe, pleine, formera la pyramide abcde, et tout ce qui ne sera pas compris dans cette pyramide ne recevra qu’une lumière diffuse ou de reflet. La pyramide sera plus ou moins allongée suivant que la baie sera plus ou moins orientée vers le cours du soleil. Si même les rayons du soleil viennent à traverser cette baie, le faisceau lumineux formera un prisme, mais qui est point indéfini. En supposant, par exemple, un trou carré dans un mur (5), abcd, l’extérieur étant en A, les rayons solaires passant par cette baie formeront le prisme abcd, a′b′c′d′. Mais si nous avons en B un mur éloigné de la baie de plus de vingt fois la diagonale du carré, la projection des rayons solaires perce-mur sera déjà fort alté-