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le font retomber sur lui-même, le doublent d’une seconde feuille pour augmenter sa masse. Ils observent les deux stipules latérales ; ils élargissent démesurément le pétiole ; ils conservent ces œils qui donnent un caractère particulier à la feuille de chélidoine, ces lobes arrondis ; de ce faisceau fibreux, puissant, ils exagèrent la structure : ainsi, fig. 16, la section transversale d’une des stipules donne le tracé A ; B étant le dessous de la feuille, ils adoptent la section C dans leur sculpture. Toujours attentifs à saisir les caractères principaux, tranchés, qui se prêtent à l’ornementation monumentale, ils font bon marché des détails dont la reproduction rapetisse ou amaigrit la sculpture. Sans chercher la symétrie absolue, cependant ils évitent les irrégularités incertaines de la plante. Ils composent un ornement avec plusieurs membres de végétaux, mais ils ont assez bien observé la nature pour donner à leur composition la vraisemblance. Beaucoup de ces inspirations sont des monstres, au point de vue de la science, mais ce sont des monstres qui sont créés viables. Nous retrouvons ces mêmes qualités chez les sculpteurs du XIIIe siècle, lorsqu’ils composent des animaux fantastiques (voy. Sculpture, Gargouille).

Si ces artistes ne possèdent pas la science du botaniste, s’ils ne copient pas exactement telle plante ou telle partie de plante, ils ont cependant observé avec délicatesse certaines lois organiques dont ils ne s’écartent pas ; ils connaissent l’anatomie du végétal et suivent ses règles générales : ainsi le faisceau fibreux, qui est comme l’ossature de la feuille, est toujours disposé d’une manière vraisemblable ; le modelé du limbe est finement rendu et, comme nous le disions plus haut, inspiré de préférence sur ces petits végétaux dont la puissance d’organisation est relativement plus développée que chez les grands, dont les formes sont plus caractérisées, plus simples et d’un style plus ferme.

Dans la fig. 18, par exemple, qui nous donne, en A, des feuilles de la