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Après la bataille de Mansourah ou de la Massoure, des espions viennent avertir saint Louis qu’il sera attaqué de grand matin dans son camp. « Et lors commanda le roy à touz les cheveteins des batailles que il feissent leur gent armer dès la mienuit, et se traisissent hors des paveillons jusques à la lice, qui estoit tele que il y avoit lous merriens, pour ce que les Sarrazins ne se férissent parmi l’ost ; et estoient atachiés en terre en tel manière, que l’en pooit passer parmi le merrien à pié[1]. » Ainsi, dans les campements faits à la hâte, les pieux qui formaient la lice étaient espacés l’un de l’autre de manière à permettre aux gens de pied de passer entre eux. Ces pieux formaient ainsi une suite de merlons qui n’empêchaient pas les fantassins de se jeter sur l’assaillant, mais qui arrêtaient les charges de cavalerie, et permettaient aux soldats de se rallier s’ils étaient obligés de se replier.

Les châteaux étaient toujours entourés de lices, c’est-à-dire de barrières palissadées, quelquefois avec fossés, qui protégeaient le pied des remparts et permettaient de faire des rondes extérieures lorsque l’on était investi. C’était là une tradition des populations guerrières du Nord.

« Amis, beau-frère, est Orenge si riche ?
Dist li chêtis : « Si m’aïst Dex, beau sire,
Se véiez le palés de la vile,
Qui toz est fez à voltes et à lices[2] ! »

Ce qui veut dire que le château de la ville est maçonné, voûté et entouré de palissades de bois.

LIEN s. m. Terme de charpenterie. Pièce de bois ayant un tenon à chaque bout et qui, posée en écharpe, lie le poinçon avec l’arbalétrier ou avec le faîtage d’une charpente de comble (1).


A étant le poinçon et B les arbalétriers, les pièces C sont des liens ; D étant des poinçons et F le faîtage, les pièces G sont des liens.

  1. Hist. de saint Louis, Joinville. Pub. par M. Franc. Michel ; 1858.
  2. La prise d’Orenge ; Guillaume d’Orange, chanson de geste des XIe et XIIe siècles, pub. par M. W. J. A. Jonckbloet ; 1854.