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tendit assurer son autorité directe en faisant bâtir une capitale, Villefranche de Rouergue. « Dans l’Agénois, il fonda Villeneuve d’Agen et plusieurs bourgs moins considérables. Dans le Périgord, où il avait quelques possessions, il fonda aussi des bastides. » Ces villes, ou bastides, étaient construites sur des terrains accordés gratuitement, suivant l’indication des ingénieurs, et jouissaient de franchises étendues. C’était un moyen d’attirer sous la dépendance directe du suzerain des populations entières ; le moyen réussit malgré les protestations des seigneurs féodaux et les excommunications des évêques. « De son côté, comme M. F. de Verneilh, Édouard Ier, d’abord comme duc et bientôt comme roi, multiplia singulièrement les fondations de ce genre ; et c’est un des meilleurs titres de ce grand prince au souvenir reconnaissant de l’ancien duché de Guienne. Libourne, entre autres, lui doit son existence (1286)… » Beaumont fut ainsi construit pour le compte du roi d’Angleterre en 1272 ; le maréchal Jean de La Linde commença sur son propre domaine la bastide de La Linde. On bâtit la ville de Montpazier vers 1284. Or, ce plan de Montpazier tracé en 1284 n’a pas été altéré depuis. Comme tous les plans de villes de cette époque, tracés en Guienne et en Périgord, la ville de Montpazier est non-seulement alignée avec une régularité parfaite (voir l’article Alignement, fig. 1), mais encore toutes les maisons sont d’égales dimensions et distribuées de la même manière.


Un îlot des maisons de la ville de Montpazier (17) fait voir avec quelle uniformité cellulaire ces habitations sont construites. Certes, la régularité observée dans des villes modernes, comme Napoléon-Vendée, comme certaines villes d’Algérie, n’est que désordre, en comparaison de cette symétrie absolue. Il faut admettre (ce qui était vrai alors) que tous les gens venant s’établir dans ces bastides privilégiées, sorte de refuges offerts par en suzerain, étaient tous sur le pied de l’égalité ; quels qu’ils fussent, il est certain qu’ils se soumettaient à ces conditions d’alignement,