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[maison]
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faire ou des services qu’il a rendus à ses voisins. Les murs parlent, et tel homme qui fera une action honteuse dans le logement loué qu’il quittera dans six mois hésitera, entre les murs qui lui appartiennent et où ses enfants grandiront, à se livrer à ses mauvais penchants.

Il nous faut parler maintenant des hôtels, c’est-à-dire des maisons de ville qui appartenaient à des seigneurs ou à de riches particuliers et qui occupaient des espaces assez étendus, qui renfermaient des cours et même quelquefois des jardins, mais qui n’affectaient pas les dispositions de défense des palais seigneuriaux, qui n’étaient point munies de tours et de murailles crénelées. Ainsi que nous l’avons dit en commençant cet article, l’hôtel n’avait pas habituellement ses appartements d’habitation sur la voie publique, mais plutôt des communs, des dépendances, quelquefois un simple mur avec porterie. Autant les bourgeois, les marchands, tenaient à participer à la vie journalière de la rue (c’était d’ailleurs pour la plupart d’entre eux une nécessité), autant le noble et le négociant enrichi, menant un grand train, tenaient à se renfermer chez eux, à vivre à la ville de la vie féodale, isolée, n’ayant pas de communications habituelles avec le dehors. Le caractère de l’hôtel, ou, si on l’aime mieux, de la maison noble, diffère donc entièrement de celui de la maison du bourgeois. Ces sortes d’habitations ont dû subir plus de changements encore que les maisons des bourgeois. Occupant des espaces plus considérables, ayant successivement appartenu à des personnages riches, elles ont été modifiées suivant le goût du jour ; nous ne trouvons plus en France d’hôtels antérieurs au XVe siècle, ou du moins les débris qui nous en restent n’ont qu’une médiocre valeur.

Un des plus anciens, parmi ces hôtels, se voit encore à Provins ; il appartenait à quelque riche chanoine de Saint-Quiriace.


Il se compose (31) « de deux corps de bâtiments distincts, séparés par un passage voûté.