Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 6.djvu/323

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[meneau]
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XIIe siècle J, à remplacer les combles par des terrasses, à couper les pieds-droits F et à enlever l’arc intérieur des baies. Cela fait, on tailla dans les pierres restantes les colonnettes G, à l’intérieur et à l’extérieur ; on incrusta des morceaux H dans les parties laissées vides par l’enlèvement des claveaux des roses, ainsi que l’indique le trait haché, on passa le meneau I au milieu des baies, et on appareilla sur ce meneau et sur les pieds-droits recoupés le châssis de pierre supérieur composé de deux arcs et d’un œil. La courbe des arcs des fenêtres primitives fut ainsi changée, et entre l’extrados du châssis de pierre et l’intrados du second arc du XIIe siècle, laissé en place, on incrusta le remplissage K. Les joints de ce châssis de pierre, marqués sur notre figure, furent coulés en plomb avec goujons de fer posés ainsi que l’indique le détail L. Il est à présumer que la crainte qu’avaient les architectes de voir fléchir les arcs des vieilles fenêtres, affaiblis d’un rang de claveaux, les détermina à donner plus d’aiguïté à l’arc tiers-point des meneaux. Chacun de ces meneaux se composait ainsi : 1o de la colonnette centrale, dont nous donnons la section en M ; 2o du sommier central en fourche ; 3o des deux sommiers latéraux ; 4o des deux closoirs des arcs inférieurs ; 5o des quatre claveaux latéraux ; 6o de la clef de l’œil et de deux closoirs supérieurs, en tout treize morceaux de pierre pour une fenêtre de 10m,00 de haut sur 3m,40 de largeur en moyenne. Mais les espaces vides laissés entre ces divisions de pierre étaient trop grands encore pour pouvoir être vitrés sans le secours du fer. Une barre transversale passant à la naissance des arcs en N et traversant la tête du chapiteau P fut posée en construisant le châssis. Des barlotières O, scellées entre les pieds-droits et le meneau central, formèrent une suite de panneaux quadrangulaires ; des montants verticaux R servirent encore à diminuer la largeur des deux vides et formèrent la bordure du vitrail. Dans l’œil, quatre barres S vinrent aussi diviser la surface vide du cercle. Ces barres furent scellées dans le châssis circulaire. On observera que les joints de l’appareil tendent toujours aux centres du cercle ou des tiers-points.

Déjà cependant les fenêtres des chapelles du chœur de la cathédrale de Reims, contemporaines de celles que nous donnons ci-dessous, possédaient des meneaux qui, construits par assises, renfermaient dans l’œil supérieur des redents destinés à diminuer le vide de ces œils (voy. fenêtre, fig. 18). Dans ce cas, comme toujours, c’est à la Champagne que sont dues les innovations dans l’architecture gothique. Les fenêtres hautes de la nef et du chœur de Notre-Dame de Reims, bien que construites vers le milieu du XIIIe siècle, ont consacré le principe admis par l’architecte primitif de cet incomparable édifice. Ces fenêtres, indiquées d’ailleurs dans le croquis de Villard de Honnecourt antérieurement à la reprise des travaux de la cathédrale en 1241, appartiennent ainsi comme composition à une époque plus ancienne. Elles se composent d’un meneau central portant deux tiers-points avec un œil subdivisé par des redents à six lobes (2). Les meneaux reproduisent sur une