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[menuiserie]
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de ses fibres, de sa dureté égale, de sa durée et de sa beauté. Aussi, pendant le moyen âge, en France du moins, le chêne a-t-il été exclusivement employé dans la menuiserie de bâtiment.

Pour être employé dans la menuiserie, le chêne, doit être parfaitement sec, c’est-à-dire débité depuis au moins six ans. Si nous examinons les ouvrages de menuiserie des XIIIe, XIVe et XVe siècles, nous observons, en effet, que les bois n’ont point joué, qu’ils sont restés dans leurs assemblages et qu’ils ne présentent pas de gerces. Ces bois, une fois débités, étaient d’abord laissés dans des lieux humides et même dans l’eau, puis empilés à claires-voies sous des abris secs, retournés souvent et quelquefois soumis à l’action de la fumée[1].

Les menuisiers du moyen âge n’employaient pas les bois trop vieux qui sont sujets à se gercer et à se piquer. Ils faisaient débiter des chênes de deux cents à trois cents ans, c’est-à-dire des troncs, dont le diamètre, à 3m,00 au-dessus du sol, aubier déduit, varie de 0m,70 à 1m,00. Ces troncs étaient sciés en quatre dans la longueur à angle droit ; chaque quart était débité suivant diverses méthodes, mais toujours en tenant compte, autant que possible, de la texture du bois.


Un tronc de chêne qu’on laisse desséché se gerce conformément à la figure A (O), ce qui est facile à expliquer. Les couches concentriques sont d’autant plus dures et compactes

  1. C’est ainsi qu’ont dû être préparés les bois qui ont servi à faire les stalles de la cathédrale d’Auch. Ces bois ont acquis l’apparence du bronze florentin.