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portions de tabliers en charpente étaient relevées au moyen de châssis à contre-poids, ainsi que cela se pratique encore aujourd’hui, ou bien roulaient sur des longrines : on appelait les premiers des ponts torneïs, et les seconds des postis[1]. Les premiers étaient de véritables ponts-levis. Il est à remarquer que le pont-levis, tel qu’on l’entend aujourd’hui, adapté à une porte de ville ou de château, n’a été mis en pratique que vers le commencement du XIVe siècle, jusqu’alors les ponts torneïs étaient disposés en manière de bascule[2].

Si, vers la fin du XIIIe siècle, on établissait déjà des ponts-levis, ceux-ci étaient isolés et ne tenaient pas aux portes mêmes, ainsi que cela s’est pratiqué depuis. Ils faisaient partie des ouvrages avancés en bois, tenaient à la barrière, mais n’étaient point disposés dans la maçonnerie des portes. Cependant, dès une époque reculée, on employait souvent les ponts ou passerelles roulant sur des longrines, particulièrement dans les provinces méridionales. Ces sortes de ponts, dont nous donnons un géométral latéral en A (fig. 15), se composaient de deux pièces de bois parallèles B, au-dessous desquelles étaient adaptés des rouleaux. Un tablier de madriers était cloué sur ces pièces de charpente. Quatre poulies C,

  1. Du mot latin positus.
  2. Moult s’esforce li forsenez
    De faire fossez et tranchiées,

    Tot entor lui à sis archiées
    Fait un fossé d’eve parfont,
    Riens n’i puet entrer qui n’afont.
    Desor fu li ponz tornéiz
    Moult bien tornez toz coléiz.
    (Roman du Renart, vers 18 474 et suiv.)

    Clos fu de murs et de fossez
    Dont l’eve coroit tot entor,
    Un pont tornéiz par desor
    (Ibid., vers 21 994 et suiv.)

    Chevauchant lez une rivière
    S’an vindrent jusqu’au herberjage,
    Et an lor ot par le passage
    Un pont tornéiz avalé.
    ...............
    (Li romans de la charrette.)

    En la chaucie fu grans li féréis,
    Li quens Guillaumes moult durement le fist,
    Il s’aresta sor le pont tornéis
    Et vit Begon, moult fièrement li dist :

    (Li romans de Garin le Loherain, t. II, p. 175, édit. Techener, 1833.)