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qui s’ouvrait si largement sur les dehors. La nef de l’église ayant été rebâtie au commencement du XVe siècle sur un plan analogue à celui de la cathédrale d’Alby, il est difficile aujourd’hui de savoir comment cette salle supérieure s’arrangeait avec la nef primitive. Toutefois les trois arcades P, bouchées en brique lors de la reconstruction du XVe siècle, s’ouvraient nécessairement sur la nef ancienne, et mettaient la salle haute en communication directe avec celle-ci sans interposition de vitraux. Mais nous avons déjà vu, par quelques-uns des exemples de porches surmontés de salles, donnés dans cet article, que les nefs n’étaient guère fermées par des vitraux, surtout dans les provinces du Centre et du Midi, avant la fin du XIIe siècle.

Les porches sous clochers sont rares à dater du commencement du XIIIe siècle dans l’architecture française. Cependant nous citerons celui de l’église de Larchant (Seine-et-Marne)[1]. La Normandie en présente quelques-uns qui datent des XIVe et XVe siècles ; nous mentionnerons comme l’un des plus remarquables celui de la tour de l’église Saint-Pierre, à Caen[2].

Sur les bords du Rhin et dans les contrées environnantes, cette disposition se continue assez tard. Le porche de la cathédrale de Fribourg ouvert sous le clocher occidental est fort beau. Intérieurement il est orné de bonnes figures représentant les arts libéraux, de grandeur naturelle, le Christ, les vierges sages, les vierges folles, le sacrifice d’Abraham, saint Jean-Baptiste, sainte Marie l’Égyptienne, etc. Ce porche n’est ouvert que par une arcade sur la face, les côtés sont clos et décorés par ces statues dont nous venons de citer les principales.

Parlant des porches sous clochers, on ne saurait passer sous silence les porches si bien disposés sous les tours projetées de la façade de l’église de Saint-Ouen, à Rouen.

Ces tours, qui devaient être d’une dimension colossale, ne furent élevées que jusqu’à la hauteur de 20 mètres environ au-dessus du sol. Lorsqu’il fut question d’achever la façade de l’église de Saint-Ouen en 1840, on n’osa continuer l’œuvre commencée sur des dimensions aussi considérables ; on rasa donc les souches des deux clochers, et l’on perdit ainsi une des dispositions des plus originales et des plus ingénieuses parmi toutes celles qu’avait conçues le moyen âge à son déclin, car ces tours dataient du XVe siècle.

Elles s’élevaient sur deux porches posés diagonalement et donnant entrée de biais dans les deux collatéraux. Le plan de ces porches est gravé dans l’ouvrage de Pugin sur les monuments de la Normandie, auquel nous renvoyons nos lecteurs[3]. La position oblique des porches de l’église de Saint-Ouen avait permis de les ouvrir sur l’extérieur par

  1. Voyez les Monuments de Seine-et-Marne, par MM. Aufauvre et Fichot.
  2. Voyez Pugin, Specimens of the architectural ant. of Normandy.
  3. Voyez, à l’article Architecture Religieuse, la figure 62.