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Olivier de Clisson, le frère d’armes de du Guesclin, qui fit aux Anglais une guerre si désastreuse, était un général d’un rare mérite, et qui fortifia un assez grand nombre de châteaux en Poitou, sur les frontières de la Bretagne et de la Guienne. Il adopta, pour les défenses des portes, un système qui paraît lui appartenir.


Il élevait une tour ronde sur un pont, et la perçait d’un passage fermé par des herses et des vantaux. Sur le pont de Saintes, il existait une porte de ce genre[1], et l’on en voit encore quelques-unes dans les provinces de l’Ouest. Une des portes de l’enceinte du château de Montargis présentait cette disposition, et le vide central de cette tour, à ciel ouvert, permettait d’écraser, du sommet de l’ouvrage, les assaillants qui se seraient introduits entre les deux portes percées dans les parois opposées du cylindre[2]. Les tours rondes servant de portes, qui paraissent appartenir à l’initiative du connétable Olivier de Clisson, sont habituellement très-hautes, c’est-à-dire donnant un commandement considérable sur les alentours. Elles sont isolées et ne se relient pas aux courtines des enceintes. Ce sont de petites bastilles à cheval sur un pont, de sorte que les assiégés enfermés dans ces postes, n’ayant que des moyens de retraite très-peu sûrs, étaient plus disposés à se défendre à outrance. Il arrivait assez fréquemment, en effet, que les portes se reliant aux courtines, si bien munies qu’elles fussent, devenant l’objet d’une attaque très-vive et tenace,

  1. Voyez Pont, fig. 4.
  2. Voyez Androuet du Cerceau, Des plus excellens bastimens de France.