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diaire e. Du centre c une ligne à 45º ayant été tirée, c’est sur cette ligne que se trouvent placés les centres du boudin inférieur g et des baguettes h et i. De plus, le boudin g est tangent à la ligne inclinée à 60º ab. Or, ce gros boudin a 4 pouces de diamètre et le boudin C 3 pouces.

Le tracé est devenu plus méthodique que dans l’exemple précédent, et le traceur a donné au boudin inférieur de la fermeté en le flanquant des deux baguettes qui le redessinent vivement au moyen des noirs k. Le centre du cavet supérieur est en l, c’est-à-dire au point de rencontre de la verticale bl avec l’horizontale tirée du centre c. Pour les profils des arcs ogives C et D, le système de tracé n’est pas moins géométrique. Ici la ligne ab inclinée à 60º donne le centre b du boudin inférieur, dont le diamètre est égal à celui des arcs-doubleaux. De ce centre b, la ligne be tangente au boudin supérieur reçoit le centre de la baguette f et celui g du cavet. Bien que les membres soient de diamètres différents dans les deux exemples C et D, on voit que la méthode de tracé est la même. Sur les détails E et F des boudins principaux, nous avons donné deux des méthodes employées dès cette époque pour nerver ces cylindres. Dans l’exemple E, le tracé donne l’arête vive obtenue au moyen de tangentes à 30º (cette arête étant parfois dégagée, pour plus de netteté, au moyen d’une ligne concave dont le centre est en h sur une perpendiculaire abaissée de la ligne à 30º)[1]. Dans l’exemple F, les centres des arcs ik sont pris sur les angles d’un triangle équilatéral, dont le côté est deux fois le rayon du boudin.

Suivant qu’on a voulu obtenir un filet plus ou moins large, on a fait la section o plus haut ou plus bas, sur les arcs de cercle. Les tâtonnements arrivent ici à des formules. Désormais les angles à 30º, 60º et 45º, vont nous servir pour les tracés de ces profils, en employant des méthodes de plus en plus simples. Les architectes bourguignons, qui, ainsi que nous l’avons dit, sont si bons traceurs de profils, nous démontreront comment la méthode peut s’allier avec la liberté de l’artiste, et devient pour lui, s’il sait l’appliquer, non point une gêne, mais au contraire un moyen d’éviter les pertes de temps, les tâtonnements sans fin. Nous arrivons au moment où l’art de l’architecture, désormais affranchi des traditions romanes, livré aux mains laïques, n’en est plus réduit à copier avec plus ou moins de bonheur des formes consacrées, mais s’appuie sur le raisonnement, cherche et trouve des méthodes qui, n’étant point une entrave pour l’artiste de génie, empêchent l’artiste vulgaire de s’égarer.

Les profils, comme le système de construction, de proportion et d’ornementation, procèdent suivant une marche logique favorisant le progrès, la recherche du mieux. C’est qu’en effet, les architectures dignes d’être considérées comme un art, chez les Égyptiens, chez les Grecs, comme

  1. Pour les boudins inférieurs des arcs-doubleaux de la sainte Chapelle de Paris, par exemple.