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Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 9.djvu/542

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[voûte]
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toute la largeur ab, et celle de la première travée tournante la même largeur a′b′. Ces archivoltes ont l’épaisseur totale de la pile, à quelques centimètres près. La colonnette C monte jusqu’à la haute voûte, pour porter un seul arc (voyez Cathédrale, fig. 48), puisque nous sommes dans la partie gironnante du chœur ; la colonnette D porte à la fois et l’arc-doubleau A et les deux arcs ogives O du collatéral gironnant. Les travées T étant plus étroites que celles parallèles T′ au grand axe, il en résulte que le nerf G vertical, qui reçoit le boudin principal G′ de l’archivolte, se trouverait, dans la travée T tournante, en retraite du nu H, et qu’il ne paraît point. Ainsi ce sont les arcs qui ont donné rigoureusement la position des nerfs et colonnettes de cette pile cylindrique. Si nous montrons la voûte du collatéral (fig. 42), avec une des piles de la partie gironnante, nous voyons comment les archivoltes pénètrent dans la pile, et comment les arcs-doubleaux et arcs ogives du collatéral, à cause de leur plus grande ouverture, ont leur naissance placée plus bas que celle de ces archivoltes. Nous voyons aussi comment sont tracés ces arcs ogives, suivant une courbe dans leur plan horizontal. La figure 43 explique ce tracé. En A, sont les grosses piles du sanctuaire; en B, les piles d’entrée des chapelles. Les clefs C des arcs ogives sont posées au milieu de la ligne ab de clef des voûtains de remplissage, qui réunit le sommet de l’arc-doubleau d’entrée des chapelles au sommet de l’archivolte. Afin de ne pas avoir en e un angle trop aigu, le constructeur a donné, en projection horizontale, une courbure à l’arc ogive eC. Ainsi les remplissages s’établissent-ils plus également dans les deux triangles voisins ayant pour bases l’arc-doubleau du collatéral et l’arc-doubleau d’entrée des chapelles. À la cathédrale de Bourges, les voûtes des collatéraux du chœur (1225 environ) sont déjà tracées suivant ce principe.

Mais nous voyons, dans la perspective figure 42, qu’entre l’arc ogive et l’archivolte, le remplissage est abandonné et pénètre dans la pile même, continuant au-dessus de la bague formant chapiteau. Il y a là un point incomplet, car les voûtains de remplissage doivent toujours reposer sur des extrados d’arcs. Au XIVe siècle, le constructeur de l’église abbatiale de Saint-Ouen de Rouen prend un parti plus franc, plus logique, bien qu’en apparence beaucoup plus compliqué (fig. 44). Les archivoltes prennent tout l’espace ab, c’est-à-dire exactement la largeur de la pile, moins le nerf C destiné à recevoir l’arc-doubleau et les arcs ogives des voûtes hautes, et le profil de ces archivoltes n’est autre que celui de la pile, ou, pour être plus exact, la section de la pile n’est autre que la section de l’archivolte. L’arc-doubleau du collatéral n’est également que le profil g de la pile, et l’arcogive le profil h. En élévation, ces arcs se pénètrent ainsi que l’indique le tracé perspectif. Il n’y a plus de chapiteau, puisqu’il n’a plus de raison d’être, et les sommiers, à lits horizontaux, s’élèvent jusqu’au niveau N, c’est-à-dire beaucoup au-dessus des naissances des arcs.

C’est la dernière expression de la combinaison des naissances d’arcs