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[ CRÉDENCE ]
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Les reproductions de crédences deviennent fréquentes dans les manuscrits du XVe siècle, et prennent alors, dans le mobilier, une assez grande importance. D’abord fort simples de forme (voy. fig. 3)[1] comme tous les meubles privés, décorées seulement par les étoffes dont elles étaient couvertes et par leur construction propre, les crédences s’enrichissent bientôt de sculptures, de délicates ferrures ; puis elles sont munies de dossiers, ainsi que l’indique la figure 4, copiée sur im des bas-reliefs de bois des stalles de la cathédrale d’Amiens[2]. Ces dossiers sont même parfois surmontés de dais sculptés avec luxe (voy. fig. 5)[3]. Les deux dernières crédences que nous donnons ici indiquent parfaitement l’usage auquel on les destinait pendant les repas.

Chez les souverains, les grands seigneurs, les crédences étaient souvent garnies d’orfèvrerie, de plats d’argent ou de vermeil ; on les plaçait d’ordinaire derrière le maître, auquel on présentait la première coupe de liqueur après avoir fait l’essai. Les dossiers des crédences ou les panneaux des vantaux de la petite armoire portent quelquefois l’écusson aux armes du maître du logis.

Le meuble qu’on désignait, dans le siècle dernier et au commencement de celui-ci, sous le nom de servante, rappelait encore la crédence ; il a presque totalement disparu de nos maisons, et n’était plus destiné au même usage que la crédence, puisqu’il était fait pour permettre à un petit nombre de convives de se servir eux-mêmes sans le concours des domestiques et sans être obligés de se lever de

  1. Manuscr. de la Biblioth. nat., no 6984.
  2. Exécutées au commencement du XVIe siècle, ces stalles reproduisent, dans leurs sculptures, des meubles qui appartiennent plutôt au XVe siècle.
  3. Ce dessin provient des mêmes sculptures.