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[ LAVOIR ]
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munis d’une grande quantité de petites gargouilles qui répandaient l’eau sur les mains des personnes qui venaient laver. Quelquefois, dans les couvents, le lavoir était une grande vasque circulaire placée à l’un des angles du cloître (voy. le Dictionnaire d’architecture, au mot Cloître). Mais ces derniers objets ne pouvant être considérés comme des meubles, nous n’avons pas à nous en occuper ici. Les lavoirs de bronze ou de plomb étaient fréquents ; il n’est pas besoin de dire qu’ils ont tous disparu des établissements monastiques pendant la révolution de 1793, et même avant cette époque ; leur usage n’étant plus, pendant le dernier siècle, conforme aux habitudes des moines. Ces meubles étaient ordinairement en forme d’un grand coffre long, assez profond, posé sur un appui au-dessous duquel était une auge de pierre ou de métal, recevant l’eau tombant par les gargouilles et l’épanchant au dehors par une rigole. On en voit des représentations assez grossières et fort simples dans des vignettes de manuscrits, et la reproduction de ces vignettes ne peut avoir plus d’intérêt qu’une description. Mais on trouve, dans la collection Gaignières de la bibliothèque Bodléienne, un grand dessin assez bien exécuté d’un de ces lavoirs. A défaut de monument existant, nous devons nous trouver fort heureux de rencontrer une copie fidèle d’un meuble de cette importance[1].

Voici (fig. 1) une réduction de cette copie, au-dessous de laquelle est écrite cette légende : « Piscine ou lavoir dans l’abbaye de Saint-Amand de Rouen, auquel sont les armes de plusieurs abbesses, et

  1. Ce dessin, qui a 25 centimètres de long, et bien exécuté, se trouve dans le tome Ier des Épitaphes des églises de Normandie, p. 53, Biblioth. Bodl. Oxford.