Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne à la Renaissance (1873-1874), tome 1.djvu/178

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

[ LIT ] — 160 —

couvert d’ornements est placé sous le matelas, qui lui-même est couvert d’une étoffe très-riche. Sous la tête de Salomon est placé un petit oreiller, et le roi est enveloppé dans une couverture doublée de fourrure (voir). Des courtines sont suspendues au-dessus du lit, ainsi qu’une petite lampe. L'usage des veilleuses suspendues au-dessus des lits paraît avoir été habituel pendant les XIIe, XIIIe et XIVe siècles. On semblait craindre l’obscurité complète pendant le repos de la nuit. A une époque où l’on croyait aux apparitions, à l’influence des mauvais esprits, il n’est pas surprenant qu’on voulut avoir une lampe allumée près de soi pendant le sommeil ; la clarté d’une lampe rassure les personnes qui éprouvent cette vague inquiétude que cause l’obscurité complète. On supposait d’ailleurs que les lumières éloignaient les esprits malfaisants ou des apparitions funestes.

11 s’agit d’une veuve qui se retire dans un monastère, voulant abandonner les pompes du siècle :

« Or avoit donc en usage « Que près du lit ou elle jesoit « Touz tems por nuit mettre fesoit « Deux chandelles qui y ardoient, « Quar ténèbres mal li faisoient. «  « Une nuit gesoit moult grevée «  « Si vit entre les .ii. lumières « Devant son lit saint Pierre ester « Quel connut bien sans arreter. »

Les courtines sont, au XIIe siècle, comme nous l’avons dit plus haut, attachées à des traverses, avec ou sans ciel. Voici encore un exemple (fig. 3) tiré du même manuscrit-, représentant le songe de la femme de Pilate. Le lit paraît être de bois tourné décoré d’incrustations. Un seul matelas, très-relevé vers le chevet, pose sur un drap jeté sur la sangle. Un linceul enveloppe le personnage, qui, du reste, paraît vêtu d’une tunique et dont la tête est couverte d’un voile. Un petit oreiller couvert d’une riche étoffe

’ Poésies diverses d’un prieur du Mont-Saint-Michel. Extraits publ. en 1837, p. II, Caen, chez Mancel.

’ D’Herrade de Landsberg, biblioth. de Strasbourg, XIIe siècle. Nous avons ici, comme dans la fig. 1 , rectifié la perspective et le dessin.