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VIE PUBLIQUE DE LA NOBLESSE FÉODALE, ETC.

Puis viennent les jongleurs, les chanteurs et joueurs d’instruments, les poëtes et les conteurs. Ou joue aux dés, aux dames, aux jeux de hasard. La fête se prolonge ainsi trois jours, et finit par de grandes largesses à toute rassemblée.

Le cérémonial des couronnements des rois ne fut formulé à peu près régulièrement qu’au XIIe siècle, à l’occasion du sacre du roi Louis le Jeune, en 1179, et enregistré, la même année, en la chambre des comptes[1]. Voici en quoi consistait cette cérémonie : Devant le chœur de l’église cathédrale de Reims était dressé un trône sur un échafaud élevé, auquel on montait par des gradins en assez grand nombre pour que les pairs du royaume et d’autres seigneurs s’y pussent tenir. Le sacre devait avoir lieu le dimanche, et, dès la veille, l’église était gardée par les gens du roi et ceux de l’église. La nuit, le roi venait prier dans l’église, avant les matines, chantées à l’ordinaire.

Primes sonnées, le roi est accompagné à la cathédrale par les archevêques, évêques et barons, avant que l’eau bénite soit faite. Des siéges sont disposés autour de l’autel à droite et à gauche, celui du roi au milieu. Dès l’aube, le roi a dû envoyer ses plus notables et puissants barons à l’abbaye de Saint-Remi chercher la sainte ampoule ; ceux-ci jurent de la reconduire après la cérémonie et de la rendre à l’église abbatiale. La sainte ampoule est accompagnée, entre prime et tierce, par les religieux de Saint-Remi, et portée par l’abbé sous un dais de soie, dont les bâtons sont soutenus par quatre moines en aube. L’archevêque de Reims reçoit la sainte ampoule à la grande porte de la cathédrale, étant accompagné des autres archevêques, évêques et barons ; il promet de la rendre à l’église de Saint-Remi, et la porte sur l’autel. Les religieux attendent la fin de la cérémonie que la sainte ampoule soit rapportée.

L’archevêque se prépare à dire la messe, et le roi se lève. Après quoi, le prélat fait au roi cette demande : « Nous te requérons nous octroyer, que à nous et aux églises à nous commises, conserves le privilège canonique, loi et justice dues ; nous gardes et défendes comme roi est tenu en son royaume, à chaque évêque et église à lui commise. » Le roi octroie et promet.

Le Te Deum est entonné, et deux archevêques ou évêques conduisent le roi par les mains à l’autel, devant lequel il se prosterne, ne se relevant qu’après le chant. Sur l’autel ont été placés la cou-

  1. Voyez le Formulaire des sacres et couronnemens des roys (Godefroy, Cérémonial françois, 1649).