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[ BANC ]
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tinu. Cet usage se perpétua pendant la période ogivale, car alors on n’établissait pas, comme aujourd’hui, des bancs en menuiserie ou des chaises pour les fidèles. Mais dans les dépendances des églises, dans les salles capitulaires, les bibliothèques et les sacristies, on plaçait des bancs de bois ; les bahuts (voy. ce mot) en tenaient souvent lieu. Ces bancs furent alors garnis d’appuis, de dossiers et même de dais. Ils étaient d’une forme très-simple jusqu’au XIVe siècle, composés de forts madriers, ornés seulement de quelques gravures. Nous avons encore vu des débris de bancs de ce genre, qui paraissent dater du commencement du XIIIe siècle, dans des salles voisines des églises pauvres dont le mobilier n’avait pas été renouvelé (fig. 2).

Dans les habitations, les bancs étaient recouverts de coussins ou d’une étoffe rembourrée non fixée après la tablette. Les montants latéraux étaient souvent ornés de sculptures, et se recourbaient pour offrir un appui plus commode (fig. 3)[1]. Si l’on s’en rapporte aux vignettes des manuscrits, aux peintures et descriptions, les bois de ces meubles étaient rehaussés de couleurs, de dorures, d’incrustations d’or, d’argent et d’ivoire[2]. Au XIIIe siècle, on ne se contenta pas de tablettes assemblées dans des montants ; les bancs affectèrent souvent la forme d’un coffre long, c’est-à-dire que le devant fut garni de planches ornées d’à-jour, d’arcatures et de peintures ; ils pouvaient alors être considérés comme de véritables bahuts, bien qu’ils fussent plus longs que n’étaient ces derniers meubles. Ce qui distingue particulièrement le banc, avec ou sans dossier, de la forme ou chaire, par exemple (voy. ces mots), c’est que le banc est trans-

  1. Tapisserie de Bayeux.
  2. « Déjoste lui les assist sor un banc
    « Qu’iert entaillez à or et à argent… »

    Rom de Guill. d’Orange, prise d’Orange.)