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[ COFFRET ]
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Charles le Chauve. Cette chasse, qui avait 0m,677 de longueur, sur 0m,271 de largeur et 0m,569 de hauteur, était posée sur un brancard de vermeil semé de fleurs de lis en relief ; elle était de bois de cèdre, couverte de plaques d’or et enrichie d’une infinité de perles, diamants, rubis, émeraudes, saphirs, agates, turquoises, camées ou intailles, et accompagnée de nombreux bijoux donnés par divers princes et des évêques[1]. (Voyez, pour la position des châsses suspendues derrière et au-dessus des autels, le Dictionnaire d’architecture, au mot Autel.)

CHASUBLIER, s. m. Armoire renfermant une suite de tiroirs peu profonds, à coulisses, dans lesquels on pose les chasubles. Il est à croire que les chasubliers anciens n’étaient autrefois que des armoires vestiaires, les chasubles étant faites d’étoffes souples et non surchargées, comme elles le sont aujourd’hui, de lourdes broderies, doublées de bougran, ce qui leur donne la roideur d’une planche.

COFFRE, s. m. — Voy. Bahut, Chasse.

COFFRET, s. m. (coffre, escrint). Petit coffre.

« Pour les dames, cofres ou escrint
« Pour leurs besongnes hebergier[2]. »

Dès les premiers siècles du moyen âge, les coffrets étaient fort en usage ; on les fabriquait en matières précieuses, en ivoire, en marqueterie, en cuivre émaillé, en or, en argent ; ils étaient repoussés, ciselés, émaillés. Pendant leurs voyages, les dames les transportaient avec elles et y renfermaient des bijoux de prix. En campagne, dans les expéditions lointaines, les nobles, les chevaliers, outre les bahuts qui contenaient leurs effets, portaient de ces coffrets qui étaient confiés à la garde des écuyers, et qui contenaient l’argent, les bijoux, parfois même des titres. Car il était assez d’usage, jusqu’au XIIIe siècle, d’emporter avec soi les archives de famille, les titres précieux : tel était l’esprit de défiance qui dominait alors toutes les classes, que les plus puissants seigneurs n’osaient se séparer des objets dont ils n’eussent pu réparer la perte. Les coffres et coffrets tiennent donc une place importante dans le mobilier du moyen âge. C’est dans un coffret que sont déposés le

  1. Voyez l’inventaire de cette châsse et de ces bijoux dans le Bullet. des Comités histor. ; janvier 1851. Les camées et intailles qui garnissaient cette châsse ont été, en 1793, envoyés à la Bibliothèque nationale ; ils y sont encore déposés.
  2. Eust. Deschamps.