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Item, les aucuns portent différance en harnois de braz, de teste et de jambes ; premièrement la différance des harnoys de teste, c’est assavoir de bicoques et de chappaulx de Montauban. Et premièrement, les biquoques sont de faczon à que sur la teste, en telle forme et manière comme ancienement les bacinez à camail souloient estre, et d’autre part vers les aureilles viennent joindre aval, en telle forme et faczon comme souloient faire les berniers[1].

Item, et les chappaulx de Montauban[2] sont rons en teste à une creste au milieu qui vait tout du long, de la hauteur de deux doiz, et tout autour y a ung avantal (bord en saillie) de quatre ou cinq doiz de large en forme ou manière d’un chapeau. »

L’auteur décrit ensuite la salade, les avant-bras avec les garde-bras ; mais il fait une distinction entre le garde-bras du bras droit et celui du bras gauche ; le premier devant avoir des gardes plus grandes, parce qu’il n’est pas défendu par l’écu et doit parer le coup de lance. Il admet deux armures des bras, celle dont les trois pièces tiennent ensemble, c’est-à-dire l’avant-bras, le garde-bras et l’arrière-bras, qu’il appelle de Milan, et celle qui se compose de trois pièces distinctes réunies seulement par des aiguillettes (voy. Aiguillette).

Pour les harnais des jambes, le manuscrit en décrit également de deux sortes : le harnais de Milan qui « est clos davant et derrière par le bas, ainsi que on le fait à Millan, et à grandes gardes au genouil, et ung pou de mailles sur le cou du pié ; et l’autre faczon du harnoys de jambes est tout pareil à l’autre cy dessus déclairé, sinon entant que par la jambe bas s’en fault trois doiz que ne soit cloz, et ont les gardes plus petites en droit le genouil. »

Cela n’est pas parfaitement exact, au moins quant à la deuxième manière d’armer les jambes.

Les grèves françaises sont de deux pièces, la grève proprement dite et la molletière, réunies par des charnières, des boutons et des œillets latéralement ; mais la grève recouvre les chevilles et descend

  1. Les biquoques sont évidemment des armets qui se divisaient au droit des oreilles en deux coques (voy. Armet). Quant au mot bernier, nous n’en trouvons pas la signification dans le cas présent. Les berniers sont des valets de chiens de chasse. On leur donnait ce nom pendant les xiiie, xive et xve siècle. Appliqué aux armures de tête, nous n’avons trouvé ce mot nulle part dans les anciens textes. Ainsi, notre auteur entend qu’il y avait deux sortes d’habillements de tête, la salade et la bicoque ; et en effet, sur les miniatures, à dater du milieu du xve siècle, on ne voit guère que ces deux sortes de casques, avec le chapeau de Montauban.
  2. Vovez Chapel de fer.