Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne à la Renaissance (1873-1874), tome 5.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le xixe siècle, ainsi que l'indiquent les vers suivants de Guillaume de Machau[1] :

« Et s’il y a femme qui gise[2],
Soit tantost ton enseingne mise
Sur le sommet de la maison ;
Et en ce garde si raison
Qu’il n’i ait homme qui la touche
De piet, ne de main, ne de bouche. »

On voit que les principes de la Convention de Genève ne sont pas d’hier. Étaient-ils mieux respectés ?


BARBUTE, s. f. (barbuta en italien). Nous sommes d’accord avec du Cange pour considérer la barbute comme un habillement de tête qui ne semble guère avoir été usité qu’en Italie, et qui correspond à la salade française. Il est question de la barbute dès le xive siècle.

Dans les Statuts de l’ordre militaire du Saint-Esprit au droit désir[3], on lit ce passage : « Item se aucuns desdits compaignons del lordre se trovoient en aucun faits d’armes là où le nombre de leurs ennemis i feussent .CCC. barbues ou plus. » Mais on peut admettre que l’ordre ayant été institué à Naples, on se soit servi dans la rédaction des statuts de termes désignant des pièces d’armures de la contrée. Ce qui est certain, c’est qu’au xve siècle on disait en Italie : « tant de barbutes », comme en France on disait : « tant d’armures de fer ou tant de lances », pour désigner le nombre de gens d’armes qui composaient une troupe, et que les miniatures du manuscrit des Statuts de l’ordre du Saint-Esprit au droit désir montrent les chevaliers n’ayant pour habillement de tête que le casque légèrement conique bombé, sans visière et sans bavière. Donc on ne peut guère admettre, ainsi que le pense M. René de Belleval dans ses notes sur le manuscrit de l’écrivain anonyme traitant du costume militaire en 1446[4], que la barbute puisse être confondue avec la bavière. La barbute, si l’on s’en tient aux textes, est une salade d’une forme usitée, surtout en Italie, et qui laissait voir toute la barbe

V. — 24
  1. Confort d’ami, épître adressée par le poête à son ami Charles le Mauvais, alors prisonnier.
  2. « Qui soit en couche. »
  3. Institué par Louis d’Anjou, roi de Jérusalem, de Naples et de Sicile (1352).
  4. Publ. par M. René de Belleval. Rien n’indique, dans le texte de l’auteur anonyme, que la barbute fût la même chose que la bavière, et nous nous en rapportons, à cet égard, à l’opinion de du Cange, qui veut que la barbute soit la salade italienne ou de forme italienne.