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et li trancha toute la jambe, en tel manière que elle ne tient que à l’estival... Li clers rensui l’autre, liquex cuida descendre en une estrange maison là où la gent veilloient encore ; et li clers le feri dou fauchon parmi la teste, si que il le fendi jusques es dens[1]. » C’était donc là une arme redoutable entre des mains vaillantes.

La transition entre l’arme d’hast, composée d’une lame de faux, et le fauchart, arme façonnée pour le combat, est difficile à établir. La faux a son tranchant du côté de la concavité, le fauchart du côté de la convexité. A quel moment a-t-on fait des faucharts qui n’étaient plus des faux dont la douille est retournée à la forge ? Nous n’avons pas trouvé trace de cette transformation régulière. Le fauchart, arme fabriquée uniquement pour le combat, apparut au xiiie siècle, dans les provinces méridionales de la France et en Italie (fig. 1[2]). C’est, ainsi que le montre notre figure, une lame longue, aigüe, avec deux appendices latéraux en forme de serpe ou de faucille. On donnait aussi à cette arme le nom de vouge[3] ou de vougesse : le mot voueg s’appliquait à l’ustensile appelé aujourd'hui serpe. Le fauchart

  1. Hist. de saint Louis, par le sire de Joinville, publ. par N. de Vailly, p. 42.
  2. Manuscr. Biblioth. nation., Traité du péché originel, en vers patois de Béziers (seconde moitié du xiiie siècle).
  3. Le ou la vouge : vougetus, volana, vanga (voy. Vouge).