Page:Viollis, Le racisme hitlérien, machine de guerre contre la France, M.N.C.R, 1944.djvu/9

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Sans doute les bourreaux estimèrent-ils ces supplices trop doux ou trop rapides. Ils voulurent cette fois-ci tenter une expérience neuve et raffiner leur terrible plaisir.

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La mort lente des camps est elle moins cruelle ? Dans celui d’Auschwitz, par exemple, dont les nazis disent eux-mêmes cyniquement : « On y va pour crever », les tortures les plus ingénieuses se multiplient. Chaque jour des groupes de six cents esclaves, hommes et femmes de tous les âges, depuis quatorze jusqu’à soixante-dix ans, la tête uniformément rasée, vêtus de loques où sont cousues les cinq étoiles jaunes obligatoires, sont conduits sur le lieu du travail : mines à ciel ouvert, voies de chemin de fer ou routes à construire. Ils y peinent douze à quatorze heures sous les coups de matraque, sans autre nourriture qu’une soupe d’eau sale. Aucun malade n’est exempté de ce travail. Aussi chaque jour ramasse-t-on une quinzaine de pauvres corps, tombés d’épuisement ou assommés par les coups. Des garde-chiourmes offrent ironiquement la ration des morts à ceux qui se proposent pour les enterrer. Et moitié famine, moitié pitié et piété, il y a toujours des volontaires.

Or, dans ce camp ne se trouvent pas que des polonais, mais des juifs de tous pays, belges, russes hollandais, français. Beaucoup de français…

Des français qui, souvent depuis des générations vécurent dans notre pays, dans la « douce France », travaillèrent dans toutes les professions à sa fortune et à sa gloire, versèrent leur sang pour elle comme l’avaient fait leurs pères, tout cela sans jamais se douter eux-mêmes qu’ils fussent différents des autres français, leurs frères.