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criquet

Puis s’adressant à Criquet :

— En voilà une, tiens !

— Une quoi ?

— Une femme qu’on embrasse, qu’on aime… qu’on n’épouse pas…

Et le rire odieux retentit encore dans le cœur de Criquet. Elle recula d’un pas, fixa sur son cousin des yeux d’effroi, de tristesse, d’horreur :

— Toi, Michel, toi, tu pourrais embrasser cette femme, cette vilaine femme-là… que tu ne connais pas ?

— Pourquoi pas ? Elle est fraîche, belle fille…

— Oh ! s’écria Camille suffoquée.

Et après un silence :

— Mais l’homme qui est à côté d’elle, moi, je ne pourrais pas le toucher, pour rien au monde, et s’il me touchait, je crois que j’en mourrais !…

— Naturellement… Tu es une fille… Ce n’est pas la même chose.

Criquet cherchait les mots capables d’exprimer son indignation. Elle n’en trouvait pas. Mais, sentant monter de grosses larmes, de ces larmes qui coulent et mouillent :

— Tu me répugnes ! cria-t-elle.

Puis elle donna un grand coup de baguette sur son cerceau et partit en courant…

Elle n’avait plus froid. Ses oreilles étaient brûlantes. Une douleur, une colère confuses lui gonflaient le