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criquet

tour de votre papa aujourd’hui, paraît-il ? Moi, c’est pour demain. Oh ! je n’ai pas la moindre appréhension. Ces messieurs m’ont tellement rassurée ! « Quelques heures de sommeil, m’ont-ils dit, quelques jours de lit à vous laisser dorloter, et vous retrouverez votre appétit et vos jambes de vingt ans. » Nous voisinerons avec votre papa, il me racontera ses voyages… Savez-vous, ma chère petite, que nous nous sommes rencontrés autrefois au bal, quand il était presque un gamin et moi encore une jeune femme ? Cela vous étonne, n’est-ce pas ?

Elle eut un joli rire puéril, et d’un geste qui découvrit son bras potelé à la peau très blanche, fit bouffer une coque de ses fins cheveux.

— Et cette dame qui vous faisait la lecture, dimanche ? interrogea Camille.

— Elle est guérie, paraît-il ! J’avais demandé à la voir, mais on m’a répondu qu’on avait déjà pu la transporter dans sa famille. C’est comme ce monsieur d’un certain âge qui faisait sa partie avec moi, vous souvenez-vous ? Il n’a pas encore pu me recevoir, il a toujours du monde. Moi, j’attends ma fille et mes petits-fils tout à l’heure.

Camille écoutait avec déférence ce joyeux bavardage. Elle avait oublié ses craintes d’un instant. Pouvait-on vraiment être malade et souffrir, dans cette belle maison pleine de fleurs et de soleil, qui sentait si bon ?