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criquet

Miss Winnie, brusquement tirée de sa méditation, levait vers le ciel des yeux et des bras indignés :

Oh dear, oh dear ! gémissait-elle. La troisième papier détruite en une semaine ! Et la fête de votre tante venant la prochaine semaine… Quelle pénible brutalité ! Well, Camille, vous devrez coudre pour une demi-heure de plus…

— Non, chère miss Winnie, elle ne devra rien du tout, prononça une voix câline.

Des bras aux poignets frais entourèrent le cou de l’institutrice, une tête brillante se pressa tendrement contre son profil ligneux.

— J’ai vu le drame, continua Suzanne qui était entrée sans bruit. Ce pauvre Criquet n’a pas de chance ; je l’aiderai à finir son porte-aiguilles et vous la lâcherez à l’heure habituelle ; c’est entendu, chère petite miss Winnie ?

De sa main fine elle flattait le grand front qui peu à peu semblait s’éclairer.

— Camille est d’une si choquante maladresse, dit miss Winnie, la voix hésitante. Enfin…

— Merci, merci, darling… À moi maintenant : Je voudrais tant finir mon aquarelle au lieu de broder avec vous ! Regardez ce ton mauve, là-bas sur les vagues… Jacques m’accompagnera…

Un joli sourire suppliant sur des lèvres tendres :

— Accordé, n’est-ce pas ? Je le devine à vos bons yeux… Vous êtes une chérie !