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Géorgiques. Livre I.

ruris opaci,
vocaverisque imbrem votis,
heu ! spectabis frustra
magnum acervum alterius,
solabereque famem
in silvis
quercu concussa.

Dicendum et
quæ arma sint
agrestibus duris,
sine quis messes
nec potuere seri,
nec surgere :
vomis,
et primum robur grave
aratri inflexi,
plaustraque
matris Eleusinæ,
volventia tarda,
tribulaque,
traheæque,
et rastri pondere iniquo ;
præterea
supellex virgea vilisque
Celei,
crates arbuteæ,
et vannus mystica Iacchi :
omnia quæ memor
repones provisa
multo ante,
si digna gloria ruris divini
manet te.

Continuo in silvis
ulmus flexa magna vi
domatur in burim,
et accipit formam
aratri curvi.
Huic aptantur
a stirpe temo
protentus in octo pedes,
binæ aures,
dentalia duplici dorso.
Et tilia levis
cæditur ante jugo,
fagusque alta,
stivaque’,
quæ a tergo torqueat

de ton champ trop ombragé,
et tu n’appelles pas la pluie de tes vœux,
hélas ! tu contempleras en-vain
l’immense monceau d’un autre,
et tu consoleras (apaiseras) ta faim
dans les forêts
avec le chêne secoué (avec des glands).

Il faut dire aussi
quels instruments doivent-être
aux laboureurs robustes,
sans lesquels les moissons,
et n’ont pu (ne peuvent) être semées,
et ne peuvent croître :
le soc,
et d’abord le rouvre lourd
de la charrue courbée,
et les chariots
de la mère (déesse) d’-Éleusis,
qui roulent lents (lentement),
et les herses à roues,
et les herses sans roues,
et les râteaux d’un poids excessif ;
en-outre
l’attirail d’-osier et peu-coûteux
de Célée,
les claies d’-arbousier,
et le van mystique d’Iacchus :
toutes choses que te-souvenant (prévoyant)
tu mettras-de-côté amassées-par-avance
beaucoup (longtemps) avant de t’en servir,
si une digne gloire de la campagne divine
attend (est réservée à) toi.

Et-d’abord dans les forêts
un ormeau ployé avec une grande force
est dompté (courbé) en manche,
et reçoit la forme
d’une charrue courbe.
À cet ormeau s’adaptent
du-côté-de la racine une flèche
prolongée jusqu’à huit pieds,
deux orillons,
des dents à double dos (aux deux côtés).
Un tilleul léger aussi
est coupé auparavant pour faire le joug,
et un hêtre élevé,
et un mancheron,
qui de derrière fasse-tourner (gouverne)