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Géorgiques. Livre I.

inimicus, atrox,
magno stridore;
qua Nisus
se fert ad auras,
illa fugiens raptim
secat pennis æthera levem.
Tum corvi,
gutture presso,
ingeminant ter aut quater
voces liquidas;
et sæpe cubilibus altis,
læti præter solitum
nescio qua dulcedine,
strepitant inter se
foliis;
juvat, imbribus actis,
revisere parvam progeniem
dulcesque nidos.
Haud equidem credo,
quia sit illis ingenium
divinitus,
aut fato
prudentia major rerum;
verum, ubi tempestas
et humor mobilis cœli
mutavere vias,
et Austris
Jupiter uvidus densat
quæ erant modo rara.,
et relaxat quæ densa,
species animorum
vertuntur,
et pectora concipiunt motus
alios nunc,
alios
dum ventus agebat nubila:
hinc ille concentus avium
in agris ,
et pecudes lætæ,
et corvi ovantes
gutture.

Si vero respicies
ad solem rapidum
lunasque sequentes ordine,
nunquam hora crastina
fallet te,
neque capiere insidiis

hostile, acharné,
avec un grand bruit ;
partout où Nisus
se porte (s’élève) vers les airs,
elle fuyant à-la-hâte à tire d’aile)
fend de ses ailes l’éther léger.
Alors les corbeaux,
leur gosier étant resserré,
redoublent trois-fois ou quatre-fois
des cris clairs;
et souvent dans leurs lits (nids) élevés,
joyeux au-delà-de l’ordinaire
de je ne-sais quel plaisir,
ils font-du-bruit (s’ébattent) entre eux
sur les feuilles;
il leur plaît, les pluies étant chassées,
de revoir leur petite (jeune) progéniture
et leur doux nid.
Je ne crois assurément pas ,
que ce soit parce qu’il est en eux un génie
par-une-grâce-des-dieux,
ou par une volonté du destin
une prévoyance plus grande des choses;
mais, dès que la tempête
et l’humidité mobile (les nuages) du ciel
ont changé leurs routes,
et qu’à l’aide des Vents
Jupiter (l’air) humide condense
ce-qui était naguère lâche,
et relâche ce-qui était condensé,
les apparences (dispositions) des esprits
se-tournent (changent),
et les cœurs perçoivent des émotions
autres maintenant,
autres tout à l’heure
tandis que le vent poussait les nuages .
de là ce concert des oiseaux
dans les campagnes,
et les troupeaux joyeux (leur joie),
et les corbeaux pleins-d’allégresse
par leur gosier (dans leur chant).

Mais si tu regardes
vers le soleil rapide
et les lunes qui se suivent par ordre,
jamais l’heure du lendemain
ne trompera toi,
et tu ne seras pas pris par les tromperies