Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/174

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Les grands aigles royaux dérangés de leurs nids
S’envolaient maudissant nos pas attentatoires,
Et parvenus jusqu’au sommet du promontoire
Le sage m’a montré l’Océan et m’a dit :


« Mon fils recueille en toi la clameur solennelle
Que la bise du soir fait jaillir des flots verts ;
Vois, la vague écumeuse enserre l’univers,
Et la terre s’absorbe en la mer éternelle.


« L’orifice béant de l’abîme confond
Les humains orgueilleux. Que ton esprit s’émeuve
Au spectacle infini des ruisseaux et des fleuves
Qui s’engloutissent tous dans ce gouffre sans fond.


« Aux rivières d’argent de leurs bords dépouillées
L’immensité s’ajoute, et le torrent s’endort,
Préférant aux chansons de ses cascades d’or,
Le tumulte berceur des voix agenouillées.