Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/176

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« Mais le néant mesquin de nos instincts trop fiers,
Le pauvre son de nos combats et de nos ires,
Vaine douleur de nos cris, fait sourire
Les rides de ta face et ton front grave, ô mer !


« Dans ce soir langoureux où mon œil te contemple,
Magnifique, à travers ton collier étoilé,
Je pleure tristement les siècles écoulés
Dans l’oubli de ta gloire et de tes grands exemples.


« Oh ! fais que l’idéal de tes flots permanents
Et ton immensité touchent le cœur des hommes,
Et que notre raison, prisonniers que nous sommes
Dans le cirque fermé de nos vieux continents,


« Recule sa limite, enferme en ses abîmes
Tous les courants d’idée et les ruisseaux d’esprit.
Et qu’un jour elle trône en la paix de son lit
Comme toi bienfaisante, et comme toi sublime ! »