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L’aveugle
μύσαντα ὄψιν
Plotin

La route se déroule au loin jusqu’aux vallons,
Éternellement longue et courbe, où nous allons
Deux à deux, pas à pas, mystique théorie,
Qui pleure dans les bois la double allégorie
Des chênes abattus à côté des aînés,
Et des foyers, jadis flambants, abandonnés ;
Et qui chante, le soir, quand naissent sous la nue
Les détours effacés d’une immense avenue,
Dont l’aboutissement se fond avec le ciel,
Dans un espoir lointain et consubstantiel.
Ô douce illusion ! malgré l’expérience
Des arbres écroulés et de la conscience ;