Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/234

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Et tandis que ton âme approche de mon âme,
Mon œil te reconnaît et se caresse à toi,
Et je n’ose vers ton désir tendre mes doigts,
De peur de n’enlacer qu’un simple corps de femme.


Toi, toi, immarcessible Idéal de Beauté !
Toi, seule fiancée à ma fierté de mâle !
Depuis toujours je t’appelais à mes côtés,
Et voici que ce soir je vois ta face pâle.


Tu dissipas les pleurs de mes espoirs muets,
Tu m’as souri du fond de ma jeunesse folle,
Tu me glissas au cœur de troublantes paroles,
Et tandis que l’azur fait pleuvoir des bluets,


Languissamment au bord des étoiles frileuses,
Sur ta robe de chair que mon rêve a tissé,
Tu viens vers moi les bras tendus, lèvres rieuses,
Entraînant dans ton vol tous les siècles passés.