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lesquelles ne s’aperçoit que le sourire d’une bouche, mais il existe des psychés mobiles où tous nos gestes se mirent. — De même, si chaque époque poétique résume un aspect de la nature, il en est qui la clichent mieux que d’autres, qui sont plus amplement significatives. La meilleure poésie, — je dis la meilleure en soi, — sera donc celle qui saura enfermer le plus d’intensité de vie, qui dans un vers contiendra le monde, une poésie où le moi résumera l’humanité totale.

II

Il se peut que les symbolistes aient échoué. Leur dessein subsiste d’avoir voulu créer une poésie amplement représentative du réel conçu comme une idée[1], et d’avoir essayé de dégager en toute chose l’âme des choses, c’est-à-dire la réalité fondamentale, ou si l’on aime les termes barbares, le substratum. Ils ont vite compris que le domaine de la science est clos de murs. Aussi loin qu’on s’y promène, on finit par se heurter à des fortifications. Ils ont donc fait des brèches et, par ces meurtrières, ont aperçu le ciel et la mer éternelle.

    et que la res extensa des Principes, l’hypothèse des Monades est plus vraie.

  1. Voir Remy de Gourmont dans son livre des Masques : « Une vérité nouvelle est entrée récemment dans la littérature et dans l’art, et c’est une vérité toute métaphysique et vraiment neuve… Cette vérité, c’est le principe de l’idéalité du monde. »