Page:Vivien - Brumes de fjords.djvu/16

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Les cygnes s’épouvantèrent de leur singulier compagnon.

Leur terreur devint de la haine et ils assaillirent le cygne noir si furieusement qu’il faillit périr.


Et le cygne noir se dit : « Je suis las des cruautés de mes semblables qui ne sont pas mes pareils.

« Je suis las des inimitiés sournoises et des colères déclarées.

« Je fuirai à jamais dans les vastes solitudes.

« Je prendrai l’essor et je m’envolerai vers la mer.

« Je connaîtrai le goût des âcres brises du large et les voluptés de la tempête.

« Les ondes tumultueuses berceront mon sommeil, et je me reposerai dans l’orage.

« La foudre sera ma sœur mystérieuse, et le tonnerre, mon frère bien-aimé. »


Il prit l’essor et s’envola vers la mer.

La paix des fjords ne le retint pas, et il ne s’attarda point aux reflets irréels des arbres et de l’herbe dans l’eau ; il dédaigna l’immobilité austère des montagnes.

Il entendait bruire le rythme lointain des vagues…