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DU VERT AU VIOLET

Les branches des arbres s’inclinent vers toi comme de longs bras menaçants qui étouffent dans une étreinte d’amour haineux.

Ils peuvent t’étrangler, mais ils sont impuissants contre moi, car je suis l’être du silence et de la solitude.

Toute la forêt nocturne te menace et te hait : elle a vu le mensonge dans tes yeux, et le péril de ta voix, et la cruauté de ta caresse.

Mais je t’aime, tout en voulant te fuir, et je te protégerai contre la forêt et contre moi-même.

Les choses tendres et vraies me supplient de t’abandonner et de m’enfuir, — les feuilles et le lierre, et la mousse, et les violettes bien-aimées.

Seuls, les furtifs serpents et la lune se réjouissent et encouragent notre amour.

Oh ! comme la voix des hiboux est sinistre !

Les hiboux me conseillent de t’abandonner et de m’enfuir.

Les chauves-souris aux ailes bleues s’égarent, tourmentées par la pesanteur de leurs corps et par l’impuissance de leurs ailes.

Leur âme est pareille à mon âme. Elles se heurtent stu-