Page:Vivien - Du vert au violet, 1903.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
78
Du vert au violet

yeux où s’allument des lueurs d’or au fond des ténèbres. Les chauves-souris, affolées par le rayonnement universel, heurtaient sans répit leurs ailes douloureuses. Les fleurs nocturnes mouraient sans livrer leurs subtils parfums à l’air violet, et les femmes gémissaient, leurs paupières meurtries ne connaissant plus la consolation de l’ombre.

Et la Nuit implora Dana, la Créatrice : « Ô Dana, voici que la Mer se lamente, car ses flots ne sont plus caressés par la Lune. Voici que les solitudes s’attristent, car leur mystère n’est plus, et elles s’épouvantent de se voir révélées dans la lumière. »

Dana, apaisée, écouta la voix de la Nuit agenouillée à ses pieds, sous ses innombrables voiles verts et pourpres et roux et bleus. Et Dana toute-puissante rendit la Nuit à la Terre.