Page:Vivien - La Dame a la louve.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

corps, et voilà tout… Ô Dieu qui inventas l’enfer !

« Non, vous ne me croyez pas, » répéta la Saurienne. « Mais je vais vous prouver la vérité de mon dire. »

Elle scruta le fleuve jaunâtre qui charriait du sable et du limon.

« En voici un, » dit-elle très bas. « Éloignez-vous. »

Je n’attendis pas qu’elle me réitérât son ordre. Je me sauvai à toutes jambes. Mais, à quelque distance de la rivière, je m’arrêtai, ligoté soudain par quelque chose de plus péremptoire que l’effroi même.

Je l’aperçus, au moment où le crocodile déclanchait[1] ses mâchoires, se hissant sur son dos, et, pendant la durée d’un cauchemar, je la vis, à cheval sur un alligator

Je ne divague pas. J’ai toute ma raison. Je ne mens pas non plus. Le mensonge, c’est bon pour les civilisés. Nous ne mentons jamais,

  1. Note de Wikisource : déclenchait