Page:Vivien - La Dame a la louve.djvu/160

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je serais devenu meilleur. Je n’aurais plus eu de colère ni de haine contre personne. J’aurais pardonné à cet Indien qui m’a volé ma montre d’argent. Je lui aurais même pardonné, à elle, l’amour stupide qui me faisait souffrir. Je serais devenu crédule et confiant, comme les tout petits. J’aurais fait, pour elle et par elle, des actions méritoires et désintéressées. J’aurais rendu des services aux gens. J’aurais cessé de me battre, même avec les Tuscaroarers. Afin de me rapprocher d’elle, j’aurais été doux comme elle. Oui, j’aurais cessé d’être brave pour être bon, et n’est-ce point là le plus grand sacrifice que l’on puisse faire à une femme ?

… J’entrevoyais, dans l’ombre, le beau front et les belles paupières baissées de Nell. Tout en me traitant avec justice d’idiot, je me sentais devenir bête autant qu’un livre de poésie.

La voix basse de la Nut-Brown Maid interrompit ma rêverie inepte.