Page:Vivien - La Dame a la louve.djvu/164

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de ton fusil et aide-moi à arrêter le canot. »

Nous parvînmes à ralentir l’esquif, et nous espérions le diriger vers la rive, lorsqu’un choc pesant fit osciller l’arrière de l’embarcation. La torche vacillante nous révéla la tête et les longues griffes recourbées de l’ours. L’instabilité du canot, qui dansait éperdument et menaçait de tourner la quille en l’air, ne découragea point la bête tenace, mais nous donna un instant de répit.

Nell me regarda, de ses yeux indomptables.

« As-tu peur, Jerry ? Moi, je n’ai point peur… Ce sera peut-être très court… Je t’ai toujours porté beaucoup d’affection, mon frère Jerry… »

Un élan d’amour, furieux comme le désespoir, me poussa vers elle.

« Puisque nous allons mourir tous les deux, ma chérie, mon aimée… Puisque nous allons mourir dans dix minutes, dans cinq minutes,