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UNE FEMME M’APPARUT…

de mort qu’elle broyait à la manière des chiennes affamées, et me sourit de ses dents rouges…

Le sirocco m’emportait, tourbillon de sable brûlé et de poussière jaune. Le sable et la poussière remplissaient atrocement mes poumons meurtris. J’ouvris la bouche, et le râle des étranglés secoua ma poitrine… Le sable et la poussière m’étouffaient, m’aveuglaient, m’ensevelissaient.

Je criai, dans la nuit sans étoiles…

Des prêtresses aux doigts trempés de nard rythmaient des danses mystiques. Elles étaient à demi-voilées de tissus d’un bleu nocturne. Une vaste émeraude soulignait leur nombril, et leur sexe découvert brûlait de flammes blondes ou rousses… J’étais une plume de paon que l’une d’elles agitait au gré de la danse lascive. Ce mouvement rituel me secouait impitoyablement…

Par la fenêtre ouverte de la chaumière, entrait la voix des passantes. Tout l’infini de l’inconnu entrait par la fenêtre ouverte avec ces voix. Mais je ne les écoutai point, les yeux fixés