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UNE FEMME M’APPARUT…

« San Giovanni me disait hier : “Si j’avais été assez malheureuse ou assez imbécile pour me marier, la lecture du trois cent millionième roman d’adultère aurait déterminé en moi une irrésistible vocation d’épouse fidèle. Oh le roman à l’usage des femmes du monde et des petites bourgeoises en mal de coupables idylles ! »

À ce moment, la robe serpentine de San Giovanni glissa sur le tapis avec un frémissement d’écailles.

« Vous venez une minute trop tôt ou trop tard, » observai-je. « L’auditoire enthousiaste qui écoutait vos vers vient de s’enfuir à l’instant, et je me préparais à vous louer d’une respectueuse admiration au moment de votre arrivée. Votre présence a tari en moi le flot des éloges. Je ne parle plus. J’écoute.

— Je viens de passer une heure mystique dans une église très ancienne, » dit San Giovanni. « Je me suis attardée parmi les ténèbres grises de la nef, et l’encens a divinement alourdi mon cerveau. En présence de ces hommes