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UNE FEMME M’APPARUT…

t’aimer dans mes moments de silence, qui s’éterniseraient enfin ! Ne vois-tu pas comme je pleure de mes joies et comme je ris de mes tristesses ? Je voudrais tant t’aimer, » répétèrent ses lèvres pâles.

« Mon amour est assez grand pour rester solitaire, » répondis-je. « Je t’aime, et cela suffit à mon extase et à mes sanglots. Tu ne m’aimeras jamais, Vally, car tu as en toi une telle ardeur de vivre et de sentir que la passion de tous les êtres ne te contenterait pas. »

Je traversai deux semaines d’éblouissement craintif auprès de Vally. Je connus la stupeur d’un acolyte ivre de parfums sacrés. J’entrevoyais toutes choses à travers des fumées d’encens et d’aromates. Mon étrange félicité me laissait dans l’âme un mystique étonnement. Plus tard, je compris que ces heures étaient les Heures Inoubliables des souvenirs et des regrets.

Lorsque les studieuses lassitudes m’accablaient, ma Loreley effeuillait lentement, doucement, des pétales de roses sur mes paupières.