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UNE FEMME M’APPARUT…

toute mon âme excédée, je me tourne vers elle aux heures de crépuscule.

— Si j’ai confondu ton image, ô ma Prêtresse, avec l’image de la Divinité que tu sers et dont tu m’as enseigné le culte mystérieux, c’est que je ne puis ni aimer ni haïr à demi. Je t’aime d’un amour absolu. J’aime tes injustices et tes trahisons à l’égal de tes élans magnifiques. Je ne nie point que ma passion soit aveugle. Elle s’abandonne sans discernement. Mais quand je t’offre le meilleur et le pire de moi-même, tu me demandes l’impossible amitié. »

Vally ne m’écoutait point.

« Pour vous, San Giovanni, » dit-elle, « vous avez toute ma sympathie. Je n’admets pas qu’on mêle la personnalité de l’artiste à l’œuvre qu’il élabore dans la souffrance. Cet espionnage public organisé autour de la vie d’un écrivain, je le condamne à l’égal de ces lâches profanations de sépulcres que sont les biographies et les publications posthumes. »

Je m’adressai à Vally :

« Plus que tout autre esprit révolté et sincère,