Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1904.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
180
UNE FEMME M’APPARUT

D’où me vient cette passion singulière pour la folie et pour le suicide, alors que je ne possède ni assez d’imagination pour l’une, ni assez de courage pour l’autre ? Je ne sais…

Donc, je n’eus point la bravoure définitive du seul Acte qui vaille une résolution. La complexité et la laideur des moyens de délivrance me retinrent, et surtout la crainte de ce ridicule qui stigmatise les suicides avortés.

Il me revenait à la mémoire la litanie morbide que San Giovanni avait autrefois composée en l’honneur de Notre-Dame des Fièvres, si victorieusement enchâssée dans cette ville de désolation.

Ton haleine fétide a corrompu la Ville…
Un vert de gangrène, un vert de poison
Grouille, et la nuit rampe ainsi qu’un reptile.
La foule redit en cœur l’oraison,
Délire fervent qui brûle les lèvres,
Frisson glacial parmi les sueurs,
Vers ta lividité, Notre-Dame des fièvres !

L’ombre t’a consacré ses mauvaises lueurs.
Les phosphores bleus sont tes frêles cierges,