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UNE FEMME M’APPARUT…

votre étincellement, je renie mes solitudes. S’il est vrai que chaque être trouve son image dans le règne animal, vous ressemblez à un colibri.

— À quoi ressemblait Vally ? » demanda la petite curieuse, les yeux brillants.

« À un cygne sauvage. »

Une tristesse lourde ceignit mon front, ainsi qu’un bandeau de ténèbres.

« Vous êtes un être bien incompréhensible, » dit la petite poétesse, pour détourner le cours de mes imaginations. « Combien d’êtres avez-vous aimés sur cette terre ?

— J’ai aimé d’amitié, et ma sœur très blanche est morte. J’ai aimé d’amour, et ce fut le désastre. Aujourd’hui, Dagmar, j’aime la solitude.

— Eh bien vous la délaisserez pour moi. Venez chez moi demain, vous y retrouverez Éva, que vous avez surnommée la Déesse du Couchant, à cause des ors roux et bruns de sa chevelure.

— Je me souviens d’elle, en effet. Elle m’en-