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UNE FEMME M’APPARUT…

Allons voir la vieille tortue, dont l’antique sagesse se recueille parmi les verdures. Elle est si attentive et si taciturne, qu’elle paraît écouter l’herbe croître et les racines s’enfoncer dans la terre… Parfois, elle me semble harmonieuse…

— Elle l’est sans doute, » répondis-je. « Hermès n’a-t-il point tiré la première lyre d’une écaille de tortue ? Et Psappha n’a-t-elle point dit « Viens, écaille divine, et, sous mes doigts, deviens mélodieuse ?… » J’ai la plus grande vénération pour les tortues. »

Le soleil dorait ses boucles d’enfant. Elle me sourit, et dans mon âme brûla soudain une farouche tendresse pour cet être de sève et de rosée. Je la désirai comme une eau bleue d’aurore.

Et l’envie cruelle de mordre ces lèvres naïvement offertes au baiser, de meurtrir cette chair d’églantines roses, devint si violente en moi, que je pris congé de Dagmar, brusquement.

Elle me dit, très simple

« À demain. »