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UNE FEMME M’APPARUT…

flammes firent miroiter ses prunelles trop claires.

« Donnez-moi une cigarette. »

De ses lèvres d’enfant gourmande, s’exhala une irréelle fumée céruléenne, plus subtile qu’un songe d’opium.

« J’aime le crépuscule comme j’aimerais une femme, » chuchotai-je, en la contemplant.

« Le crépuscule, » répondit-elle, « est pareil à une femme qui pleure, à une femme qui pleure en une chambre silencieuse, où se fanent des fleurs blanches… Les pétales tombent sans bruit, l’un après l’autre, et l’heure est frémissante de rêves inavoués. Dans le lointain, passent les Souvenirs aux tuniques légères… Des étoiles brillent à leurs sandales…

— Vous êtes poétesse comme Éranna, la vierge de génie qui mourut à dix-neuf ans et qui fut aimée de Psappha… Mais quelle est la grave nouvelle dont vous me parliez tout à l’heure ? »

Elle rougit faiblement et détourna ses douces paupières.